« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Me voici, donc, entré de plain-pied, si j’ose dire, dans une série de chroniques dévolues depuis la semaine dernière à différentes pérégrinations de Victor Hugo, l’écrivain touriste ou réfugié politique ; rubriques placées sous le générique de « Sur les pas et dans les pages de Victor Hugo ».
Aujourd’hui, je vous convie à me suivre à Saint-Valery-en-Caux et à Veules-les-Roses, dans cette magnifique région de Normandie.
Depuis la première commune citée, Victor Hugo écrivit : « Je viens de voir un merveilleux spectacle. L’ouragan qui avait fait rage toute la nuit, était tombé quand je suis arrivé à Saint-Valery-en-Caux. Mais la mer était encore émue et toute palpitante de colère. Nous avons passé huit heures à la regarder, courant à la jetée, grimpant aux falaises, crevant nos souliers aux galets de la plage… La mer était belle. Ce n’était à perte de vue que longues nappes d’écume déployées comme de grandes ailes blanches sur le fond vert et vitreux de l’eau… »
À une dizaine de kilomètres, voici Veules-les-Roses, l’un des plus beaux villages de France désigné par Stéphane Bern sur France 2. Ici, ce sont de jolies villas de charme dites « style de bains de mer », d’anciennes maisons de pêcheurs et de tisserands, des chaumières fleuries, des lavoirs, des cressonnières, des moulins, une église du XVIe siècle classée avec des piles étrangement sculptées : une sirène, une tête d’enfant sur un corps de cheval, des coquilles, aumônières et bourdon de pèlerins compostellans, des chouettes, un dauphin, etc.
Veules-les-Roses, c’est encore la Veules, le plus petit fleuve de France, 1 250 mètres, mais puissant avec son débit de 5 000 litres à la seconde, et le souvenir de Victor Hugo quand il vint à quatre reprises (entre 1879 et 1884) chez son ami Paul Meurice. Il se dit, de manière très poétique, que Victor Hugo aimait se promener sur les bords de la Veules et qu’il laissa certainement des rimes accrochées aux arbres alors que les oiseaux en ont encore dans leurs nids…
Victor Hugo offrit un banquet à une centaine d’enfants les plus pauvres de la région et organisa une loterie où tout le monde fut gagnant. Il appréciait également se retirer dans une grotte avec vue sur la mer, grotte qui devint un lieu de contemplation et qui lui inspira l’inoubliable « Oceano Nox » est-il renseigné en ce lieu mythique, à présent honteusement tagué.
Il y a, encore, des fragments d’un monument où voit Victor Hugo reçu au Parnasse par les poètes de tous les temps : Homère, Dante, Ronsard, Molière, une autre scène où on le distingue entouré de personnages de ses romans : Esméralda, Quasimodo, Jean Valjean, Gavroche, Cosette…, puis, un autre fragment où Victor Hugo se trouve à la tribune de l’Assemblée Nationale.