Le Destin d’Alice de Patrice Pelissier (Presses de la Cité)

 

 

 

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

 

4101xjhSCcL__.jpgLa revêche Henriette Dénièvre, veuve, mère de jumeaux, Alexandre et André, avait décidé que ce serait le premier cité qui dirigerait le domaine viticole familial, assez réputé en 1936. Tout était réglé, futur mariage du prochain maître des lieux y compris. C’était sans compter qu’Alexandre était amoureux d’Alice, modeste couturière rejetée par la marâtre, lui faisant la promesse : « Nous laisserons derrière nous tous ceux qui pensent que nous ne devons pas nous aimer. »

Dix ans plus tard, Henriette Dénièvre suivait un corbillard en compagnie de son fils André et de son petit-fils Pierre-Alexandre, âgé de 10 ans. Elle fit comprendre à ce dernier qu’on ne se lamentait pas chez les Dénièvre. La réponse fusa : « Pourquoi voulez-vous que je pleure, grand-mère ? Elle ne m’aimait pas. » Elle, c’était sa mère, Joséphine.

Un peu en retrait dans le cortège funèbre, Joseph, l’ancien amoureux éconduit qui avait fui la région. Il vit aussi les deux cadavres d’oiseaux, têtes tranchées et ailes arrachées, déposés près de la fosse. S’il était vrai que la famille Dénièvre n’était guère appréciée, pourquoi, donc, ce sacrilège ? Quel rapport entre Alice, Joséphine et Henriette, celle qui avait « le vrai visage de la haine, pure et brute », entre Alexandre, André, Joseph, Pierre-Alexandre et d’autres personnages (un maître de chais, une cuisinière, une gouvernante, un médecin, une handicapée, tante Lucienne, « la pire des garces »…), que Patrice Pelissier, l’auteur du remarquable « Destin d’Alice » paru aux Presses de la Cité, met en scène de manière magistrale et palpitante ?

Un exemple parmi dix. Au cimetière, Joseph apprit qu’il y avait une autre tombe Dénièvre à l’écart du mausolée familial. Il n’y avait personne dans le cercueil, paraît-il… Outre une trame romanesque digne des sagas les plus appréciées de ce lectorat spécifique, le livre de Patrice Pelissier a, en plus, cette particularité de développer un suspense à rebondissements égal aux meilleurs polars.

 

Le Templier du pape de Jean-Michel Thibaux (Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

 

Gisla, 8 ans, était recroquevillée sur sa paillasse crasseuse et entendait sa mère gémir. Sa mère, Mahaut, qui avait tué quelque trois cents musulmans à coups de flèches. Oncle Jehan lui faisait encore mal, pensa la gamine.

Alors, du haut de son enfance insouciante mais écornée par les conflits des adultes, elle porta un coup de poignard dans le dos de l’homme, qui fut à peine blessé.

En vérité, sa mère et l’oncle étaient nus et faisaient l’amour, ce que ne pouvait savoir Gisla, quand bien même son destin était déjà lié à celui d’une vieille sorcière juive, disait-on.

La même année, en 1192, le terrifiant « Vieux de la Montagne », considéré comme le guide suprême des Assassins, recevait un émissaire du puissant sultan Saladin : « Il faut nous aider à tuer le roi d’Angleterre et le roi de Jérusalem », lui dit-il.

Durant ce temps, selon Jean-Michel Thibaux, l’auteur du « Templier du pape » paru aux Presses de la Cité, les templiers, les teutoniques et les hospitaliers se jalousaient, les Grecs trahissaient les croisés pour de l’argent et « cette terre qu’on disait sainte était grandement corrompue par les forces malignes. » Il était même question de purifier le Saint Sépulcre avec le sang des Arabes…

47eb6ee09e2301698417b2288f084d8d_tn.jpgVoici une partie du contexte dans lequel se déroule l’histoire, palpitante et riche en rebondissements, racontée avec talent par un auteur qui poussera même le destin de deux de ses personnages à vivre un amour dit impossible.

« Le Templier du pape » est certainement à classer parmi les plus intéressants récits historiques qu’il m’ait été donné de lire, et Dieu sait si j’en ai lus !, tout en soulignant que Jean-Michel Thibaux est également le co-auteur de « L’héritage de l’abbé Saunière » édité aux Presses de la Cité, dont il avait été question en termes élogieux dans la même rubrique « Littérature sans Frontières » en 2012.