Loge Liberté Chérie en italien…

Voici l’article consacré à la Loge « Liberté Chérie » dans « Franc-Maçonnerie Magazine » et

repris dans un livre en italien

édité par le Grand Orient d’Italie.

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La Loge Liberté

 

Chérie en camp de concentration

 

par Pierre GUELFF, Chroniqueur Radio-TV et écrivain[1]

 

 

DSC01810.JPGEn 1943, sept francs-maçons créent la Loge « Liberté Chérie » dans le baraquement n°6 du Camp de concentration Ermslandlager VII d’Esterwegen. Franz Bridoux[2], membre de la section du Front de l’Indépendance du Rassemblement National de la Jeunesse (R.N.J.), à peine âgé de 20 ans, est pris dans une longue série d’arrestations en cascades et, après avoir transité dans les caves aux tortures de la Gestapo à Bruxelles, se retrouve dans le camp d’Esterwegen.

 

Pierre Guelff : Comment s’était organisée la vie dans votre baraque ?

 

PHOTOS 2009 2 liberté chérie 001.jpgFranz Bridoux (photo ci-contre) : Des dirigeants du R.N.J., le prêtre Dieudonné Bourguignon et deux militants communistes appréciaient le résistant juif, communiste et franc-maçon Luc Somerhausen, le sage, comme un médiateur qui, par sa seule présence, tempérait et catalysait leurs divergences. Pour nous les jeunes qui y avons assisté, avec toute notre soif d’apprendre, ces merveilleuses joutes oratoires étaient une école, une sorte d’université qui allait laisser une trace profonde et influencer toute notre vie.

 

P.Gf. : Pour certains, l’appellation « Liberté Chérie » provient de « La Marseillaise », mais vous semblez émettre une autre hypothèse…

 

F.B. : Les fondateurs se sont inspirés des paroles du dernier couplet de la version du « Chant des Marais » qu’ils chantaient avec leurs compagnons de captivité. Pour mes compagnons survivants Marcel et Marius Cauvain et moi-même, ce n’est pas une hypothèse mais une affirmation. Voici le couplet en question :

 

Mais un jour dans notre vie

Le Printemps refleurira

Liberté, Liberté chérie

Je dirai tu es à moi.

 

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P.Gf. : Pourriez-vous évoquer certains aspects de cette fabuleuse épopée ?

 

F.B. : La création d’une loge dans un camp de concentration n’avait rien de banal. Cette exception absolument unique n’a été possible que par la réunion de sept Maîtres maçons dans une même baraque pendant plusieurs mois et cela, dans un camp de concentration organisé de manière à respecter strictement les impératifs du décret « Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard » Il est incontestable que, dans les camps de concentration, les prisonniers politiques, tant francs-maçons que catholiques, mais aussi protestants ou communistes, ont aplani leurs « différends » et se sont unis pour poursuivre la résistance contre l’ennemi commun nazi et pour se préserver de ses exactions.

 

P.Gf. : Face à l’intolérance nazie, il y avait une réelle communauté d’esprit entre maçons et croyants, fut-il écrit au sujet de « Liberté Chérie ». Comment cela se passait-il concrètement ?

 

DSC01797.JPGF.B. : Il était en effet dangereux de se laisser surprendre dans le dortoir sans avoir le temps de regagner rapidement sa place à la table dans le « séjour » qui se trouvait à l’avant de la baraque. D’autant plus qu’il était interdit d’occuper les lits dans la journée. La garde permanente était assurée par les prisonniers (dont le chef de baraque Ephrem Van den Eede, échevin socialiste de Renaix), installés aux deux premières tables de part et d’autre de l’entrée à l’avant de la baraque. Le dimanche matin, en même temps, les francs-maçons étaient en « Tenue » à une table du « séjour », les « militants d’extrême gauche » en réunion à une autre table et les deux prêtres à la messe avec leurs « ouailles » au fond du dortoir. La garde habituelle était alors « renforcée » : François, l’unijambiste liégeois, s’installait à côté du poêle, près de la porte d’accès au dortoir et se tenait prêt à y répercuter le signal « 22… » en cas d’alerte.

 

P.Gf. : Après avoir effectué la terrible « Marche de la mort », il ne dut pas être facile de côtoyer à nouveau des Allemands…

 

F.B. Quelques-uns d’entre nous ont réussi à s’échapper du convoi grâce à un fermier allemand qui nous a hébergés en prenant un risque terrible pour lui-même et sa famille. Ceci dit, nous n’avions pas combattu des Allemands, mais des nazis ! Dans la résistance, les uns combattaient les « boches » pour défendre la Patrie, les autres se battaient contre les nazis pour sauver la Liberté.

 

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                                                   Repères

 

Les sept membres fondateurs de la Loge « Liberté Chérie » :

 

. Franz Rochat, Secrétaire, pharmacien, il travaillait au journal de la Résistance « La Voix des Belges ». Il appartenait aux « Amis Philanthropes » (Bruxelles) et est mort à l’âge de 37 ans à Intermansfeld.

 

. Jean Sugg, agent commercial, travaillait dans la presse de la Résistance, était aussi membre de la Loge « Les Amis Philanthropes ». Il mourut à l’âge de 48 ans à Buchenwald.

 

. Guy Hannecart, avocat, membre des « Amis Philanthropes N°3 », il est mort à Bergen-Belsen à l’âge de 42 ans.

 

. Paul Hanson, Vénérable Maître, membre de la Loge Hiram (Liège), magistrat. Il mourut à Essen en mars 1944, à l’âge de 55 ans.

 

. Luc Somerhausen, Premier Surveillant, journaliste, il était membre de la Loge « Action et Solidarité » (Bruxelles) et député auprès du Grand Orient de Belgique. Il est décédé en 1982.

 

. Joseph Degueldre, médecin, membre de la Loge « Le Travail » (Verviers). Décédé en 1981.

 

. Amédée Miclotte, Orateur, professeur, il appartenait à la Loge « Les Vrais Amis de l’Union et du Progrès réunis » (Bruxelles). Il fut aperçu pour la dernière fois en détention à Gross-Rosen le 8 février 1945, il avait 48 ans.

 

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              « Nous ne combattions pas les Allemands, mais les nazis ! »

 

[1] Auteur du « Petit livre de la sagesse et de l’esprit maçonniques » et « Sur les pas des francs-maçons », Éditions Jourdan, 2008 et 2010, Belgique-France.

[2] Auteur de « Liberté Chérie », Éditions Jourdan, 2013, Belgique-France.

Une dignité comme exemple

11235380_969083869793638_2511344617578645221_n.jpgToute la dignité de mon collègue Michel Visart de la RTBF, dont la fille Lauriane – 27 ans – (photo) est décédée à la station Maelbeek : « Lauriane avait des valeurs extrêmement fortes, qu’elle défendait avec beaucoup d’acharnement comme l’équité, la justice, la tolérance, l’égalité entre les sexes. Je ne suis pas naïf, je comprends et je sais très bien qu’aujourd’hui la sécurité est indispensable. Mais je pense que si on construit des murs de l’exclusion, si on cultive la haine, on va dans le mur. » et « Dans le futur, si l’on veut un monde différent, il faut ce respect et cette tolérance. Je ne veux pas faire du pathos, mais il faut aussi de l’amour, sans vouloir faire du pathos. Et l’on doit bien cela à toutes les Lauriane du monde entier.« 

Exceptionnelle démarche maçonnique belge

DSCF0888.JPGDSC01735.JPGExceptionnelle démarche commune d’Obédiences maçonniques belges !

COMMUNIQUÉ D’OBÉDIENCES MAÇONNIQUES BELGES À LA SUITE DES ATTENTATS À BRUXELLES DU 22 MARS 2016

 

Les Obédiences maçonniques belges condamnent les lâches attentats de ce mardi et présentent leurs condoléances émues aux familles endeuillées,

DSC01736.JPGNous ne restons pas inactifs, parce que nous voulons déjouer la tentation des replis communautaristes. Pour cela, nous estimons nécessaire de développer un dispositif d’instruction qui dispense une culture ouverte à l’universel et qui émancipe la capacité de raisonner de manière autonome en fournissant des références non partisanes.

Il est urgent de se mettre autour de la table et de travailler avec tous les intervenants pour assurer une vraie éducation pour tous qui est le seul moyen de donner une chance à tout le monde et ainsi de permettre aux jeunes de prendre leurs responsabilités, de faire leurs propres choix et surtout de pouvoir penser seuls.

Tel est l’enjeu de l’idéal de la Franc-maçonnerie dont on peut mesurer pleinement l’actualité dans un monde déchiré, sollicité par les revendications identitaires, menacé par les dérives communautaristes.

Il s’agit aujourd’hui de vaincre ensemble la montée des périls et des fanatismes : au fond de ce qui les résume tous, l’intolérance.

Nous Francs-Maçonnes et Francs-Maçons, au nom de notre conscience, voulons affirmer notre idéal de respect, d’écoute, de diversité. Plus que jamais notre société en a besoin, quand la liberté de conscience est décriée, quand les hommes de toutes origines et les croyances de toutes sortes se combattent et tentent de s’éliminer.

Cette société à créer est possible, mais nous avons besoin d’être rassemblés pour avancer. Ce n’est pas de l’utopie, c’est seulement un projet à long terme. Soyons conscients que notre responsabilité est engagée car nous devrons répondre de nos actions devant les générations futures.

5-obediences-belges.pngLe Grand Orient de Belgique


La Fédération belge du Droit Humain


La Grande Loge de Belgique


La Grande Loge Féminine de Belgique


Lithos Confédération de Loges

 

(Photo des cinq Obédiences : hiram.be)

 

« Plus belle la vie » à Bruxelles ?

DSC01204.JPGDSC01728.JPGDSC01729.JPGJe suis de plus en plus étonné des propos de certains « spécialistes » (certains autoproclamés !) qui clament « Parler de guerre est une erreur fondamentale » : je ne pense pas que je tourne le 4.289e épisode de « Plus belle la vie » quand je vais jogger et que, soudain, je me retrouve face à deux ou trois militaires le doigt sur la mitraillette, quand je suis fouillé et contrôlé x fois/jour (centre commercial, hôpital…), que j’ apprends qu’un massacre a eu lieu à 100m d’où ma fille travaille, que mon fils et ma petite-fille empruntent deux fois par jour la même ligne de métro que celle passant par Maelbeek, quand je me rends à une réunion au coeur d’un quartier jugé « sensible » de Molenbeek et que la tension se perçoit à fleur de peau, quand je vais à l’agence bancaire et qu’elle est fermée jusque lundi prochain pour cause d’alerte maximale, quand la peur m’empêche de prendre un quelconque transport en commun (il paraît qu’il faut continuer à « vivre »…, : merci pour le conseil donné, souvent, par ceux qui sont entourés de x gardes du corps et sous haute surveillance policière jour et nuit !!!), que je vois le ballet d’ambulances précédées de policiers se diriger vers les urgences de l’UCL, que des vigiles sont postés devant l’école primaire de quartier, etc., etc.,

 

Molenbeek (suite) sur France Info

sans-titre.pngDSC01708.JPGQui dit « grand » média, dit « grandes » retombées médiatiques : quelque 4 000 vues de la vidéo de « France Info » en plus du direct et de la rediffusion sur antenne, pour mon interview de vendredi soir consacrée à Molenbeek (Éditions Jourdan-La Boîte à Pandore). À présent, en principe, retour au calme et cap sur mon 2e roman historique « L’amie des pauvres » (Adélaïde, impératrice au Xe siècle).

C’est le Printemps !

DSC01710.JPGVersailles Temple de l'Amour.jpgC’est le début du Printemps ! « L’esprit de comparaison tue le petit bonheur. En vérité, il convient d’éprouver la même joie, exactement la même, à voir naître le printemps dans le parc de Versailles que dans son jardinet de banlieue. » (Gilbert Cesbron).

Pour ne pas oublier, se rappeler ou apprendre…

DSC01704.JPGCe Midi, un remarquable Travail maçonnique consacré à Francisco Ferrer (1859-1909), m’a confirmé que la notion de Démocratie n’est jamais acquise. Autodidacte, pédagogue libertaire, républicain progressiste, franc-maçon, fondateur de l’« École Moderne » (enseignement rationaliste), il fut fusillé à l’âge de 50 ans car il « gênait » et il fallait s’en « débarrasser »… Cet homme est mort pour la défense de la justice sociale, la fraternité et la tolérance. Un siècle plus tard…

Depuis un siècle, exactement depuis 1911 (d’abord dans le centre de Bruxelles – place du Samedi – puis face à l’Université Libre de Bruxelles), des millions de gens ont vu et voient encore, un monument qui ne laisse pas indifférent. Il s’agit d’un monument « expiatoire » dédié à Francisco Ferrer : « Génie nu porteur de Lumière ».DSC01705.JPG
Catalan, engagé politiquement (anarchisme, révolution), initié à la Loge « La Vérité » (Espagne), puis membre du Grand Orient de France lorsqu’il était en exil, fondateur de l’École Moderne à Barcelone (enseignement scientifique et rationnel, libre-exaministe, en somme), cela inquiéta les autorités et l’Église.
DSC01695.JPGIl devint un personnage gênant : il fallait s’en débarrasser !
Sous le prétexte qu’il avait fomenté la « Semaine tragique » (manifestations contre la politique coloniale de l’Espagne), il se retrouva devant une cour militaire et un simulacre de procès.
« Je me trouve en face d’un procès terminé sans que l’instruction en quête de charges ait, un seul moment, recherché la vérité », plaida le capitaine Galceran, défenseur de Francisco Ferrer (déclaration reprise sur le monument).DSC01702.JPG

Il fut quand même exécuté le 13 octobre 1909 après avoir dit aux soldats du peloton : « Mes enfants, vous n’y pouvez rien, visez bien. Je suis innocent. Vive l’École Moderne ! »
Sa condamnation fut reconnue erronée trois ans plus tard…
DSC01697.JPGOutre des manifestations, meetings… dans toute l’Europe, le Grand Orient de Belgique lança : « Gloire à Ferrer ! Honte à ses bourreaux ! » et un Comité Ferrer décida d’élever un monument expiatoire à celui qui avait clamé : « L’enseignement rationaliste peut et doit tout discuter, en mettant au préalable les enfants sur la voie ample et directe de l’investigation personnelle » (déclaration reprise sur le monument).DSC01706.JPG

 

Église de Scientologie en Belgique

DSC01663.JPGDSC01664.JPGNaguère, j’avais suivi une séance d’information du programme scolaire antidrogue « Clés pour l’adolescence » (financé par le Lions Club et la Fondation G – Générale de Banque-) : un véritable endoctrinement, selon ma perception (d’où mon reportage – et quelques démêlés… – « Sectes : nos enfants en danger à l’école ? ») corroborée par la suspension dudit programme par l’Éducation nationale française, en Suisse…, car il s’agissait d’une organisation écran de… l’Église de Scientologie, selon des sources avisées. Aujourd’hui ? « Irrecevabilité des poursuites à l’égard de l’Église de Scientologie », selon la justice belge