Voici mon dernier article dans le magazine de la Morale Laïque :
Francisco Ferrer : pour ne jamais oublier !
Depuis un siècle, exactement depuis 1911 (d’abord dans le centre de Bruxelles – principalement place du Samedi – puis face à l’Université Libre de Bruxelles, avenue Franklin Roosevelt), des millions de gens ont vu et voient encore, un monument qui ne laisse pas indifférent. Il s’agit d’un monument « expiatoire » dédié à Francisco Ferrer : « Génie nu porteur de Lumière ».
Francisco Ferrer (1859-1909), autodidacte, pédagogue libertaire, républicain progressiste, franc-maçon, fondateur de l’« École Moderne » (enseignement rationaliste), fut fusillé à l’âge de 50 ans car il « gênait » et il fallait s’en « débarrasser »…
Catalan, engagé politiquement (anarchisme, révolution), initié à la Loge « La Vérité » (Espagne), puis membre du Grand Orient de France lorsqu’il était en exil, fondateur de l’École Moderne à Barcelone (enseignement scientifique et rationnel, libre-exaministe, en somme), cela inquiéta les autorités et l’Église. Il devint un personnage contrariant et il fallait donc le « liquider » !
Sous le prétexte qu’il avait fomenté la « Semaine tragique » (manifestations contre la politique coloniale de l’Espagne), il se retrouva devant une cour militaire et un simulacre de procès : « Je me trouve en face d’un procès terminé sans que l’instruction en quête de charges ait, un seul moment, recherché la vérité », plaida le capitaine Galceran, défenseur de Francisco Ferrer (déclaration reprise sur le monument).
Il fut quand même exécuté le 13 octobre 1909 après avoir dit aux soldats du peloton : « Mes enfants, vous n’y pouvez rien, visez bien. Je suis innocent. Vive l’École Moderne ! »
Sa condamnation fut reconnue erronée trois ans plus tard…
Outre des manifestations, meetings… dans toute l’Europe, le Grand Orient de Belgique lança publiquement (ce qui est rarissime comme démarche) : « Gloire à Ferrer ! Honte à ses bourreaux ! » et un Comité Ferrer décida d’élever un monument expiatoire à celui qui avait clamé : « L’enseignement rationaliste peut et doit tout discuter, en mettant au préalable les enfants sur la voie ample et directe de l’investigation personnelle » (autre déclaration reprise sur le monument).
Un siècle plus tard, à l’heure où la Société est malmenée et que la démocratie est mise en péril, il y a lieu de ne pas oublier que cet homme est mort pour, justement, la défense de la justice sociale, la fraternité et la tolérance.
Pierre Guelff, auteur aux Éditions Jourdan et chroniqueur à « Fréquence Terre-Radio France Internationale ».